De faux artefacts autochtones fabriqués par un artisan d’origine anglaise dans les années 1950? C’est ce que l’artiste kaska dena Joseph Tisiga a choisi de placer au centre de son exposition Somebody Nobody Was... [Quelqu’un que personne n’était…], présentée jusqu’au 23 mai 2021 au Musée d’art de Joliette.
En tant que visiteuses et visiteurs, nous sommes donc face à des objets qui semblent avoir été créés par des artisans des Premières Nations. Il faut avoir la vue aiguisée ou très bien connaître les cultures autochtones pour comprendre que nous sommes face à des objets construits de toute pièce par un Européen.
Cette exposition pose ainsi la question de la véracité de ces objets. Bien sûr, ceux-ci ne sont pas ce qu’ils prétendent être; ils sont faussement autochtones. Nous sommes de surcroît devant un acte d’appropriation culturelle.
À l’époque à laquelle Oliver Jackson a réalisé ces objets, la Loi sur les Indiens interdisait les cérémonies traditionnelles, ce qui a engendré la confiscation de biens autochtones et une diminution de leur production. Plus tard, lorsque les Autochtones ont pu reprendre la pratique de leurs cérémonies, leurs objets et une partie du savoir-faire avaient disparu. Ils se sont donc inspirés des fausses créations de Jackson pour se réapproprier leur art.
Pour ce mois, nous vous proposions de créer sur le thème du vrai du faux. Les apparences sont parfois trompeuses. Est-ce que l’art peut servir à voir les choses autrement? À donner un deuxième sens à une idée ou à un objet? La vérité est-elle dans ce qu’on voit, dans ce qu’on ressent ou dans ce que l’on construit? Et si nous projetions une histoire différente sur un objet ou sur une situation?