Dans ses notes sur le processus créateur et dans sa présentation de l'exposition Au nom de la matière, Louise Warren nous parle de la matière et de sa présence. Qu’il s’agisse d’un fragment de paysage ou d’une ligne dessinée, elle écrit que la matière incarne la présence, sa manifestation. Elle décrit cette présence comme un état de perception, que l’on éprouve dans notre corps, dans nos promenades urbaines ou dans la nature, dans l'écoute de l'autre, l'écriture et la lecture, l'être seul en nous. Elle affirme avec justesse que pour que l'on sente ce qui se passe dans le paysage ou en soi, il faut être dans la présence. Je me suis beaucoup intéressée à cette présence dont Louise Warren parle. J’aime m’attarder à la présence des choses - un arbre, une pierre, un mot, un geste, un corps, une lumière – et à la façon dont ces présences font écho à ce que j’éprouve, dans ma propre intimité. Dans ses notes sur la peinture et le dessin, l'artiste Alexandre Hollan nous dit : je suis ce que je vois. Les collages créés en lien avec la thématique du langage de l’intime sont créés dans cet esprit. Dans un agencement d’images trouvées, de textures peintes, de mots empruntés aux poètes, j’ai tenté d’improviser une image qui ouvre un espace sur ma propre intimité. La frontière entre l’espace intérieur et extérieur se fait imprécise, s’entrouvre et c’est là où je trouve un intérêt : dans la faille, la distorsion, le doute ou l’effacement. Les poètes cités dans les collages sont : Yolande Villemaire, Alain Grandbois, Gatien Lapointe, Denis Vanier, Janou Saint-Denis, Élise Turcotte, Gérald Godin.