En 2005, j’ai sollicité la collaboration de ma sœur Louise à l’occasion d’une exposition de mes céramiques intitulée MATIÈRE HABITÉE. Elle m’a offert quelques textes inédits dont certains étaient affichés en marge des sculptures et d’autres gravés sur les œuvres elles-mêmes. Nous n’avons cessé depuis de partager cet intérêt pour la matière. C’est ainsi que cet automne, ayant construit un nouveau four et dans l’intention de l’essayer, j’ai réalisé une production hors-série de tuiles creuses à double-face explorant l’utilisation de diverses matières et procédés L’œuvre proposée sous le thème Le langage de l’intime poursuit cette exploration avec l’une de ces tuiles. À gauche, la plaque datant de 2005, texte de Louise Warren. Cuisson à basse température (dite « biscuit »). Au centre, l’une des tuiles à double-face obtenue en pressant l’argile sur la plaque d’origine. Cuisson à haute température (four à bois et sel). À droite, une 3e plaque remet l’écriture à l’endroit en étant gravée par impression sur la précédente (argile séchée, non-cuite). Sachant que l’argile prend un certain retrait lors de la cuisson, si cette séquence d’impressions successives était poursuivie, la taille des lettres deviendrait progressivement de plus en plus petite et le texte de moins en moins précis. Il y aurait là un filon à exploiter. Exploration-altération, novembre 2020 est-elle vraiment une œuvre? Non, c’est tout au plus un témoignage, celui de ces expériences que l’on fait sans but défini et que très souvent on délaisse pour passer à autre chose. Elles équivalent peut-être aux phrases raturées que je peux imaginer nombreuses dans les carnets de Louise. Ce sont des expériences normalement gardées pour soi, sinon détruites et c’est en ce sens qu’elles font partie du langage de l’intime.